William Montgomery McGovern nait le 28 septembre 1897 à New York, et très vite, sa vie est placée sous le signe de l’aventure. Il commence à voyager dès son plus jeune âge, et alors qu’il est encore adolescent, sa mère, l’anthropologue Janet McGovern, l’emmène au Mexique pour qu’il assiste… à la révolution.
Il passe une grande partie de sa jeunesse en Asie, ou il fait ses études, et en 1917, il obtient un doctorat en théologie dans un monastère de Kyoto, au Japon. Il est alors moine bouddhiste.
Après un léger bond de 10 000 km, Il continue ses études à la Sorbonne, puis à l’université de Berlin, et en 1922, il décroche un nouveau doctorat en philosophie au prestigieux Christ Church collège d’Oxford. Il n’a pas encore 25 ans.
A cette époque, William est également maître de conférences en études orientales à l’Université de Londres, mais il n’est pas vraiment homme à rester derrière un bureau. Juste après avoir obtenu son second doctorat, il part pour une longue expédition au Tibet, avec pour but de faire ce qu’aucun occidental n’a réussi avant lui : entrer dans la cité interdite de Lhasa. Accompagné de guides, il traverse les cols sauvages de l’Himalaya en plein hiver, avant d’être finalement stoppé par des gardes à la frontière tibétaine. Mais McGovern refuse d’abandonner son objectif : il se déguise en porteur, se verse du jus de citron dans les yeux pour les assombrir, et après une longue série d’épreuves, dont une terrible tempête de neige, il finit par atteindre Lhasa.
Une fois à l’intérieur de la cité, il dévoile son identité aux autorités locales, qui acceptent de lui donner un lieu pour dormir. Mais en découvrant la présence d’un intrus entre les murs sacrés de la ville, une horde de moines déchaînés, bien décidés à lyncher l’explorateur, font pleuvoir des pierres sur sa maison. Toujours déguisé, William se faufile alors par la porte de derrière et se mêle à la foule, allant jusqu’à jeter des pierres avec les autres. Protégé par le Dalai Lama, il sera finalement escorté jusqu’en inde, sain et sauf. De cet incroyable périple, il tirera un livre, “to Lhasa in disguise”, qui reste encore aujourd’hui une référence en matière de récit d’aventure.
Son retour à l’université est de courte durée, puisqu’en 1925, il s’envole cette fois-ci pour l’Amérique du sud. Pendant deux ans, il va parcourir les tréfonds de la jungle amazonienne à la rencontre des tribus locales. Il participe à leurs rites sacrés, et il Il boit notamment de l’ayahuasca, un puissant breuvage hallucinogène que les chamanes utilisent pour communiquer avec les esprits. Il se rend ensuite au Pérou, pour explorer les ruines d’anciennes cités inca.
Cette expédition sud américaine fera également l’objet d’un livre, sobrement intitulé “chemins de jungle et ruines inca”.
En 1927, tout juste agé de 30 ans, McGovern revient aux Etats-unis, et il prend le poste de conservateur adjoint au Museum Field de Chicago, l’un des plus grands musées d’histoire naturelle au monde. Puis, en 1929, il est nommé professeur de science politique à l’université de Northwestern. Avec ses cheveux en bataille, son manteau chinois en fourrure de loutre et ses anecdotes incroyables, il devient vite un personnage légendaire dans l’établissement, et ses cours sont toujours pleins à craquer.
En 1937, il quitte temporairement son poste pour se lancer dans un nouvelle aventure : le Chicago Times l’envoie couvrir la seconde guerre sino japonaise en tant que correspondant spécial. Accompagné de sa femme, qui n’a pas plus froid aux yeux que lui, il n’hésite pas à se rendre sur les lignes de front pour documenter le terrible conflit, qui fera plus de 4 millions de victimes.
Pour le plus grand bonheur de ses étudiants, William reprend sa carrière de professeur en 1938… avant de la remettre entre parenthèses pendant la seconde guerre mondiale. Entre 1941 et 1945, du fait de sa grande connaissance de l’extrême orient, il devient conseiller militaire dans la Navy avec le grade de commandant. En plus de participer à plusieurs missions, il rédige chaque matin un rapport secret que le président Roosevelt et les chefs d’état major lisent religieusement.
A la fin de la guerre, McGovern retourne à l’université de Northwestern, ou il continuera à émerveiller ses élèves jusqu’à sa mort, en 1964.
Non content de cumuler les casquettes d’aventurier, de professeur, d’anthropologue, et de conseiller militaire, William était aussi un conférencier très demandé qui parlait une douzaine de langues, ainsi qu’un auteur prolifique qui écrivit pas moins de 11 livres, et une multitude d’articles.
Pourtant, malgré ce parcours hors du commun, vous n’aviez probablement jamais entendu son nom. En revanche, vous connaissez peut être sa petite fille : il s’agit de l’actrice Elizabeth McGovern, qui joue le personnage de Cora Crawley dans la série Downtown Abbey. A l’âge de 20 ans, elle est nommée aux oscars pour son rôle dans Ragtime de Milos Forman, dans lequel elle joue aux cotés de George Harris et de Billy Mitchell, qu’on retrouve respectivement dans les Aventuriers de l’Arche Perdue, et dans Indiana Jones et la Dernière Croisade. La boucle est bouclée.
Ricosan
J’aime ton travail et les sujets traités dans tes vidéos, mon imaginaire s’enflamme en les visionnant. Dommage que ce ne soit pas aussi régulier mais je comprends que la recherche et la qualité requièrent du temps. Bonne continuation et merci de me faire rêver 🙂
Brice
« […]il part pour une longue expédition au Tibet, avec pour but de faire ce qu’aucun occidental n’a réussi avant lui : entrer dans la cité interdite de Lhasa. »
Sauf que le très excentrique Thomas Manning l’a fait environ 100 ans avant lui. Il fut le premier britannique à y entrer (je ne peux l’assurer pour un occidental en général) et le premier à rencontrer le Dalaï-Lama, Lungtok Gyatso à l’époque, âgé de 7 ans (qui mourra à 9 ans).
En tout cas, merci pour votre travail !