12 juin 2009 Patrick

La vraie “Silent Hill”

Route crevassée à Centralia

Dans le comté de Columbia, en Pennsylvanie, il y a une ville que les cartes ne mentionnent plus. A la place du tronçon de route qui y conduisait, on trouve aujourd’hui une déviation. Si l’on ignore cette dernière, on découvre alors ce qu’elle contourne : un paysage désolé rempli de maisons abandonnées, de panneaux d’avertissement et d’omniprésents nuages de fumée. Ce sont les restes de Centralia.

C’est en 1962 que l’enfer s’ouvrit sous les rues de cette ville, qui était alors une petite cité industrielle prospère. L’histoire commença lorsque des ouvriers brulèrent des ordures dans une ancienne mine qui faisait office de décharge. Une veine de charbon s’enflamma, et le feu se répandit à travers les mines abandonnées qui couraient sous le sol de la ville.

Pendant près de 20 ans, les autorités dépensèrent des millions pour essayer de stopper le feu. On inonda les mines, on creusa des tranchées, on déterra la matière en combustion, mais rien n’y fit. Le sol commença à s’effondrer par endroits, et la catastrophe de Centralia captiva l’attention nationale en 1981, lorsqu’un enfant faillit disparaitre dans un gouffre profond de 46 mètres qui s’était ouvert sous ses pieds.

Bienvenue à Centralia

A ce stade là, après une lutte infructueuse qui semblait sans espoir, des millions de dollars engloutis, et des menaces permanentes telles que les fortes émanations de monoxyde de carbone, l’état de Pennsylvanie décida tout simplement de condamner la ville. Il fallut dépenser 42 millions supplémentaires pour reloger les malheureux habitants.

Aujourd’hui, plus de 4 décennies après l’incident de la mine, le feu brûle toujours. Il s’est étendu sur 160 hectares, et continue de grandir. Mais malgré la vision apocalyptique des rue fantômes de Centralia et de ses crevasses incandescentes, quelques habitants persistent à y vivre: ils étaient 9 en 2007. Les services postaux ayant radié le code postal de la ville, ils ne reçoivent plus de courrier. Et leur espoir de voir les flammes cesser ne sera probablement jamais comblé de leur vivant : il reste assez de charbon pour alimenter le feu encore 250 ans… 

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Comments (18)

  1. Thers

    Incroyable! C’est presque à s’imaginer que le village tout entier à reçu une terrible malédiction. Le terrain parfait pour un film d’horreur. La photo de ces sièges vides me donne le sentiment qu’ils ne sont pas si vides que ça. Peut-être accueillent-ils quelques spectres et autres revenants… D’ailleurs, Patrick, ta prose est toujours aussi imagée :  » C’est en 1962 que l’enfer s’ouvrit sous les rues de cette ville »

    Mais je remarque que ce petit village laisse quelques avantages comme : le possibilité d’un barbecue géant gratuit, un problème de voisinage complètement réduit et enfin et non des moindres : si la poste ne passe plus, les impots ont du aussi rayer la ville de leur carte.

  2. C’est proprement fascinant ! J’adorerais traîner là bas mais c’est un peu loin, on peut pas essayer de faire la même chose chez nous ?

  3. Pour la petite histoire, la tête décharnée des monstres de Silent Hill a été inspiré par le faciès de notre Patrick Baud.
    Comme quoi le monde est petit!

  4. Patrick

    Sylvain & Vincent> Je pense que le club Med planche sur des formules week end

    Manu> Et aussi des oeuvres de Francis Bacon, quand même

  5. Gen'

    Hallucinant, et dire que l’incendie continue de progresser à l’heure actuelle… tout ça à cause d’un petit feu de joie souterrain. D’ailleurs, est-ce que la même chose ne risque pas de se produire pour les villages des alentours si le feu continue de progresser ?

    Ça ferait un bon background pour un film d’horreur en tout cas, je vois tout à fait le lien avec Silent Hill (suffit d’un petit peu de gaz hallucinogène là dedans et on s’y retrouve). Pour le coup, ça doit vraiment ressembler à l’enfer dans ces mines désaffectées.

  6. petit poisson

    et y’a des monstres quand la sirène sonne ?

  7. petit poisson

    ah je crois qu’ils ne sont plus que huit à y habiter !

  8. Marine

    Passionant, surprenant et dérangeant, comme tous les articles de ce blog, en manque d’Exocet, je suis comblée (même si vos voix et talents de conteurs manquent toujours !)
    bonne continuation,
    amicalement

  9. Myriade

    J’adore le style de ton article, félicitations!

    J’étais à Centralia, c’est bizarre comme ambiance mais pas si effrayant que Silent Hill. Le plus bizarre, à part les fumées, c’est qu’il y a les rues, les fondations des maisons, mais tout est rasé ( excepté les rares maisons des « résistants »). Comme si on avait construit le plan de quartier, et jamais terminé.

    Pour l’anecdote, une bonne partie des habitants ont été déplacés dans la ville voisine: Ashland (trad.: le pays des cendres), la bien nommée …

    Dans le style bêtises humaines, dans la même région, renseigne toi sur Palmerstown, et son usine de zinc qui, avec ses rejets dans l’eau et dans l’air, a brulé chimiquement toute la vallée (c’est encore visible sur google maps aujourd’hui, bien que la nature reprend lentement ses droits). Sans parler des conséquences sur les enfants (malformations, maladies, …).

    Ou la fameuse catastrophe de Three Miles Island…

    Après on ne s’étonne plus que les américains sont si forts pour les films d’horreur.

    D’ailleurs, après la visite de la Pennsylvanie, je ne regarde plus « la colline a des yeux » avec le même regard, maintenant je sais qu’une telle histoire est possible…

  10. Nathan

    c’est vraiment, incroyable, j’adore ce site, je dévore litterallement tout les articles et je m’en passe pas, merci pour tout !

  11. Thomas

    Très intéressant et vraiment surréaliste je me demande ce que doit représenter du charbon pour 250 ans… en tout cas très bon article!

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